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Hervé Joubert-Laurencin, Salò ou les 120 journées de Sodome de Pier Paolo Pasolini
Paris : les Editions de la Transparence.
128 p.
EAN 9782350510682
Prix 14,00 EUR
Présentation de l'éditeur :
Le risque encouru par toute œuvre dénonçant les pires travers de l'humanité, surtout lorsque cette œuvre est graphique, est d'être accusée de complaisance à l'égard de ce qu'elle dénonce. Salò ou les 120 journées de Sodome n'a pas échappé à ce genre de critique, et depuis sa sortie mouvementée en salles en 1975, quelques jours après l'assassinat de Pier Paolo Pasolini, le film demeure l'une des œuvres les plus controversées et mécomprises de l'histoire du cinéma. Mais à quoi tiennent sa puissance subversive et la pertinence de son analyse de la société ? Un point de vue universel sur le mal. Hervé Joubert-Laurencin avertit d'emblée le lecteur que le film " ne tient aucun discours sur des faits historiquement avérés de sadisme ", il " traite des conditions de possibilité de l'inhumanité, en usant des types humains homologues d'une époque et d'un lieu : ceux que l'auteur a connus dans sa vie ". Cette ambition d'identifier les conditions de possibilité du mal s'illustre notamment par les trois couches temporelles subtilement mêlées dans le film de Pasolini et parfaitement mises en lumières par l'auteur. 1785 : Le film est l'adaptation du roman Les Cent Vingt Journées de Sodome du Marquis de Sade, écrit lors de son emprisonnement à la Bastille. Joubert-Laurencin montre cependant avec pertinence et originalité que l'adaptation pasolinienne opère un déplacement fondamental par rapport au roman de Sade : son point de vue n'est plus celui du sadisme, mais du masochisme. Avec Salò, on passe de Sade à Sacher-Masoch. 1945 : L'auteur montre que Pasolini, en transposant le roman sadien dans le contexte fasciste des derniers jours de la république italienne de Salò, pose de profondes questions sur les rapports du pouvoir et de l'anarchie. Et notamment, qu'est-ce qu'être citoyen dans une " république sociale " où le pouvoir est aux mains de fascistes qui se réclament de l'anarchie ? 1975 : C'est l'année de la sortie du film et de la mort de Pasolini, mais c'est aussi l'époque du triomphe du structuralisme et de l'empire de quelques intellectuels français sur l'œuvre de Sade : Barthes, Blanchot, Sollers, Klossowski... qui apparaissent dans la " Bibliographie essentielle " du générique. Joubert-Laurencin voit dans cette appellation le geste ironique d'un Pasolini se moquant de la réception fautive de Sade en France. Conformément à l'esprit de la collection, l'analyse des enjeux théoriques et politiques de ce mélange des époques s'appuie également sur un choix de photogrammes qui donnent lieu à des analyses esthétiques très fines.
Hervé Joubert-Laurencin
Hervé Joubert-Laurencin est spécialiste d'André Bazin et de Pier Paolo Pasolini, enseigne l'esthétique et le cinéma au département " Arts " de l'université d'Amiens.