Papers on French Seventeenth Century Literature XXXIX (2012), No. 77
Les représentations du XVII e siècle dans la littérature pour la jeunesse contemporaine : patrimoine, symbolique, imaginaire, Marie Pérouse-Battelo, Edwige Keller-Rahbé (dir.)
Parution des Actes du colloque de Lyon ( Bibliothèque Municipale de Lyon et Université Lumière Lyon 2 , Jeudi 12 et vendredi 13 mai 2011) .
Tübingen : Rainer Zaiser editor, 2012.
EAN13 : ISSN03436397.
Propos :
A l’heure où le XVII e siècle connaît une désaffection dans l’enseignement du français au collège en raison de sa complexité linguistique et culturelle, il suscite au contraire un intérêt des plus vifs dans la littérature de jeunesse. Ce paradoxe mérite réflexion en regard de la portée éducative communément attribuée à la littérature de jeunesse. L’Or blanc de Louis XIV (2010), Les Colombes du Roi‑Soleil (2005-12)), A la poursuite d’Olympe (1995), Les Orangers de Versailles (2000), Louison et Monsieur Molière (2001), Guerre secrète à Versailles (2003), Mesdemoiselles de la vengeance (2009)…: autant de séries et de titres qui pourraient, en effet, contribuer idéalement «à l’acquisition d’une culture personnelle», permettre «d’instaurer un dialogue avec les œuvres patrimoniales» et faciliter parfois «l’accès à la lecture des œuvres classiques» (Bulletin officiel spécial n°6 du 28 août 2008, Programmes du collège, Programmes de l’enseignement de français ). Au vrai, pourquoi le XVII e siècle jouit-il d’une telle faveur éditoriale, que sont loin de lui disputer les XVI e et XVIII e siècles? Est-ce un hasard si le XVII e siècle, Versailles et Louis XIV, sans compter La Princesse de Clèves , best-seller de l’année 2009, sont autant à l’honneur dans les caricatures, les analyses politiques et les discours universitaires?
Il y a donc tout lieu de s’interroger sur la vogue du XVII e siècle dans la littérature jeunesse pour savoir si elle relève d’un pur effet de mode –Versailles n’est‑il pas le décor choyé des documentaires télévisés, du cinéma et des arts du spectacle?–, d’une vocation pédagogique –quelle meilleure propédeutique pour les collégiens français aux grands textes et auteurs classiques?–, ou encore d’enjeux restant à définir –nostalgie, en période de crise, pour un siècle qu’emblématisent les ors et les fastes de Versailles? glorification d’un pouvoir fort? goût pour le commerce galant dû à la pipolisation des politiques?… A moins qu’une génération d’auteurs nourrie à la lecture des Trois mousquetaires ne se souvienne, tout simplement, que le XVII e siècle s’impose comme une période historique des plus fertiles en aventures romanesques…
En dégageant la spécificité des stratégies d’écriture, des enjeux esthétiques et socio‑politiques à l’œuvre dans les récits de jeunesse consacrés à cette époque, le but du colloque a été d’éclairer les représentations du XVII e siècle que les auteurs cherchent à promouvoir auprès de leur public.
Ecrivains, bibliothécaires et universitaires (spécialistes du XVII e siècle - historiens et littéraires -, et spécialistes de littérature jeunesse) ont confronté leurs expériences et leurs réflexions sur un corpus relativement étendu, pour essayer de comprendre quelles sont les causes de l’attrait, voire de la fascination, qu’exerce le XVII e siècle sur le jeune lectorat, mais aussi sur les auteurs et les prescripteurs, qui, pour des raisons distinctes, plébiscitent ce type de romans historiques.
Sommaire :
LES REPRESENTATIONS DU XVII e SIECLE DANS LA LITTERATURE POUR LA JEUNESSE CONTEMPORAINE : PATRIMOINE, SYMBOLIQUE, IMAGINAIRE
Edwige Keller-Rahbé, Marie Pérouse-Battello
Introduction (p. 307-319)
I. «Faire XVII e siècle»: modèles linguistiques et génériques
1. Anna Arzoumanov
Parler XVII e siècle: étude d’une fiction linguistique dans deux romans d’Anne‑Marie Desplat‑Duc (p. 321-332)
2. Dorothée Lintner
L’héroïsme comique : l’influence des histoires comiques du XVII e siècle sur la littérature de jeunesse contemporaine (p. 333-346)
3. Claudine Nédélec
Le XVII e siècle dans De Cape et de Crocs (p. 347-359)
II. Politiques éditoriales
4. Bertrand Ferrier
Quatre filles et une couronne : le XVII e siècle, un révélateur de l’identité du roman contemporain pour la jeunesse (p. 361-371)
5. Jocelyn Royé
D’or et de dentelles: les représentations du XVII e siècle sur les couvertures de romans (p. 373-383)
III. Questions de genre
6. Christine Mongenot
Jeunes filles du XVII e siècle pour jeunes lectrices d’aujourd’hui: ressorts nouveaux et intemporels de la lecture empathique en littérature jeunesse (p. 385-413)
7. Anne-Marie Mercier-Faivre
Les deux visages de la sorcière: l’affaire des poisons (1679‑1681) dans le roman historique pour la jeunesse (p. 415-431)
8. Marie-Laurentine Caëtano
La Palatine, une princesse hors du commun dans la littérature pour la jeunesse (p. 433-447)
IV. L’histoire à l’épreuve de la fiction pour la jeunesse: bienfaits et limites de la simplification
9. Laurent Thirouin
Tartuffe raconté aux enfants: exercices d’idéologie (p. 449-468)
10. Yves Krumenacker
La mémoire du protestantisme dans les romans de littérature pour la jeunesse (p. 469-481)
11. Dominique Picco
L’éducation des enfants du Grand Siècle au prisme de la littérature de jeunesse contemporaine (p. 483-503)
V. S’émanciper de Versailles
12. Hélène Merlin-Kajman
La fiction «classique»: le plaisir du dépaysement et de l’interrogation morale ( La Désobéissance de Pyrame ) (p. 505-519)
13. Marie-Hélène Routisseau
Oublie‑nous, les paradoxes de la mémoire à l’épreuve de la littérature (p. 521-530)
14. Matthieu Freyheit
Aventuriers de la mer: histoire parallèle d’un Siècle d’or (p. 531-543)
COMPTES RENDUS
Hall Bjørnstad
Créature sans Créateur. Pour une anthropologie baroque dans les Pensées de Pascal (ANNE RÉGENT-SUSINI) (p.547-549)
Patrick Dandrey
Quand Versailles était conté : La cour de Louis XIV par les écrivains de son temps (OREST RANUM) (p.550-555).
Jean Leclerc (éd.)
L’Antiquité travestie : anthologie de poésie burlesque (1644-1658) (CLAUDINE NÉDELEC) (p.556-557).
Daniel Vaillancourt
Les urbanités parisiennes au XVII e siècle : Le livre du trottoir (GOULVEN OIRY).(p.558-560).
LIVRES REÇUS p.561
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